41 pays se sont réunis pour le 46e Congrès mondial de la vigne et du vin à Chișinău, en Moldavie, du 16 au 20 juin, avec plus de 300 présentations scientifiques, 13 visites techniques et plus de 500 participants.
Au total, 14 nouvelles résolutions ont été adoptées concernant la viticulture, l’œnologie, l’économie et le droit, la sécurité et la santé.
Décisions concernant les pratiques œnologiques :
- Utilisation de l’acide fumarique dans les moûts (Résolution OIV-OENO 738-2025)
L’usage de l’acide fumarique, déjà autorisé dans les vins à des fins d’acidification et comme inhibiteur de la fermentation malolactique, est élargi aux moûts pour inhiber le développement des bactéries lactiques, retardant ainsi la fermentation malolactique. L’ajout permet également de réduire l’utilisation de dioxyde de soufre, et de préserver l’acidité malique. La dose maximale est fixée à 0,8 g/L. A noter que des fermentations alcooliques languissantes peuvent toutefois être perturbées.
Décisions concernant les méthodes d’analyse :
- Cytométrie en flux pour le comptage des levures :
- Dans les moûts et vins (Résolution OIV-OENO 713A-2025)
La méthode permet de quantifier les levures viables, stressées ou mortes, via un double marquage. Elle ne détecte pas les cellules viables mais métaboliquement inactives (VMI). - Dans les cultures de levures (Résolution OIV-OENO 713B-2025)
La méthode s’applique aux levures sèches actives et levains, avec le même principe que ci-dessus.
- Dans les moûts et vins (Résolution OIV-OENO 713A-2025)
- Guide d’évaluation des souches de Saccharomyces cerevisiae (Résolution OIV-OENO 739-2025)
Adoption d’un protocole standardisé pour tester les propriétés fermentaires et métaboliques de souches de levures en milieu synthétique, facilitant la comparaison inter-laboratoires (complément à la résolution OIV-OENO 370-2012).
- Mesure de l’acidité totale (Résolution OIV-OENO 662G-2025)
Méthode par titrage pour mesurer l’acidité totale dans le jus de raisin (reconstitué, concentré, nectar), dans une plage de 12,6 à 145,7 meq/L.
Décisions concernant les spécifications des produits œnologiques :
Ajouts au Codex Œnologique International :
- Méthode d’analyse isotopique de l’acide tartrique (L⁺) (Résolution OIV-OENO 691-2025)
Cette méthode permet d’identifier l’origine naturelle (issue du raisin) ou synthétique de l’acide tartrique, en analysant les rapports isotopiques ¹³C/¹²C et ¹⁸O/¹⁶O via spectrométrie de masse. Applicable à l’acide tartrique d’une pureté ≥ 95 %.
- Méthode d’analyse isotopique du chitosane (Résolution OIV-OENO 728-2025)
Le chitosane, polysaccharide naturel d’origine fongique, peut être différencié selon sa provenance, champignons (Agaricus bisporus, Aspergillus niger) ou crustacés, par les rapports ¹³C/¹²C et ¹⁵N/¹⁴N.
Décisions concernant la viticulture et l’environnement :
- Lutte contre la flavescence dorée (Résolution OIV-VITI 758-2025)
- Recommandations destinées à prévenir l’introduction de la flavescence dorée et à éradiquer ou contenir les épidémies en mettant en œuvre des mesures de prophylaxie et des interventions agronomiques. Ces recommandations viennent compléter celles déjà établies dans la résolution VITI OIV 3/2006 (résolution OIV-VITI 758-2025).
- Certaines des mesures recommandées portent sur la prophylaxie et l’éradication, et notamment : i) la prophylaxie dans les territoires viticoles exempts de flavescence dorée ; et ii) la lutte et la surveillance dans les zones viticoles où la flavescence dorée s’est établie pour la première fois.
- Des interventions sont également recommandées dans les zones viticoles historiquement affectées par la flavescence dorée : zones d’expansion et de contention.
- Des mesures ont été prises pour rendre possible une approche méthodologique de lutte et de surveillance.
- Définition du jus de raisin reconstitué (Résolution OIV-VITI 678B-2025)
Le jus de raisin reconstitué est défini avec une teneur en Brix de 16° pour Vitis vinifera et 14° pour Vitis labrusca. Cette définition complète celles déjà existantes pour les produits vitivinicoles et est cohérente avec celles adoptées par d’autres organisations internationales comme le Codex Alimentarius.
Décisions concernant la sécurité et la santé :
- Limite de cadmium dans le vin (Résolution OIV-SECSAN 721-2025)
Une nouvelle limite de la teneur en cadmium a été fixée à 0,005 mg/L (5 µg/L), soit deux fois moins que l’ancienne à 0,01 mg/L. Elle s’appliquera aux vins issus de raisins récoltés à partir de 2026. Les États sont encouragés à réduire les sources de contamination via les pratiques agricoles.
- Éducation à la consommation responsable de vin (Résolution OIV-SECSAN 729-2025)
L’OIV recommande d’éviter de cibler les adolescents dans la promotion du vin, de promouvoir la modération, de mettre en place des programmes de prévention dans les milieux à risque (écoles, fêtes, bars), de proposer des cours éducatifs, de soutenir les familles et de financer la recherche sur les mécanismes sociaux de la consommation d’alcool.
Décisions en matière d’économie et de droit
- Étiquetage des boissons spiritueuses d’origine vitivinicole :
Recommandations pour l’affichage optionnel de la liste des ingrédients (Résolution OIV-ECO 733-2025) et de la valeur nutritionnelle (Résolution OIV-ECO 732-2025), selon les exigences nationales.
Ces mentions sont facultatives, sauf réglementation nationale contraire. L’utilisation d’étiquettes électroniques est autorisée, mais les allergènes doivent toujours être signalés sur l’étiquette physique. Si la déclaration nutritionnelle est numérique, la valeur énergétique doit aussi apparaître physiquement.
Révision du standard des concours internationaux
(Résolution OIV-OENO 671A-2025)
De nouvelles fiches d’évaluation pour les concours internationaux de vins et de boissons spiritueuses vitivinicoles ont été adoptées (Standard des Concours Internationaux de Vins et Boissons Spiritueuses) pour plus de cohérence et de précision. Objectifs :
- Améliorer la clarté pour les dégustateurs internationaux,
- Faciliter l’utilisation numérique,
- Simplifier le format pour plus de fiabilité (notamment en cas de nombreux échantillons),
- Revoir les descripteurs pour renforcer la cohérence des évaluations.
En savoir plus : Les textes complets des résolutions sont disponibles sur le site : www.oiv.int
La teneur limite en cadmium réévaluée
Les teneurs limite en cadmium du vin viennent d’être ramenées à 0,005 mg/L par l’OIV.
Pierre-Louis Teissedre, vice-président de l’OIV et vice-président de sa commission Sécurité et santé, précise que « La limite en cadmium de l’OIV n’avait pas été révisée depuis 1981, soit près de 44 ans. » Il ajoute qu’ « on peut se féliciter des efforts réalisés par les professionnels du secteur, caves, domaines et châteaux qui ont permis de réduire les teneurs en cadmium des vins et d’abaisser sa limite de 50 %. Les vins consommés aujourd’hui sont plus sûrs. Comme cela est indiqué dans la résolution OIV les états sont encouragés à réduire les sources de contamination via les pratiques agricoles, en particulier au niveau des intrants (engrais minéraux notamment phosphatés, fertilisants et amendements organiques…). »
L’excès de cadmium est en effet cancérogène. Ce métal lourd, qui s’accumule dans l’organisme, a récemment fait l’objet d’une alerte de médecins (reprise dans nombre de médias), pour sa responsabilité dans l’explosion de pathologies chroniques : qu’elles soient cancéreuses, qu’elles attaquent le cœur, les reins ou les organes reproducteurs. Les aliments en cause sont surtout les céréales et les pommes de terre.
L’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) a fixé la limite d’exposition au cadmium tolérable chez l’humain à 2,5 µg/kg de poids corporel/semaine (dose hebdomadaire tolérable), soit 150 µg ou 0,1 mg/semaine pour une personne de 60 kg.
La consommation maximale recommandée de 10 verres de vin par semaine, soit 120 cl, correspondrait donc à un apport en cadmium de 0,006 mg au maximum, soit 17 fois moins que l’apport à risque.
Par comparaison, les teneurs limite en cadmium dans les céréales fixées par l’Union européenne s’élèvent entre 0,10 mg/kg ou 0,18 mg/kg selon les céréales (moins pour les céréales destinées à la production de denrées pour nourrissons et enfants), soit presque 20 fois plus que celle du vin.

Lire également le témoignage de Valérie Lempereur, IFV, présidente de la Commission Œnologie de l’OIV :




